Cérémonie commémorative à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'état français et d'hommage aux "Justes" de France

 Discours de M Sylvain BLANDIN

« Faites de moi ce que vous voudrez 1»

Il est 7h à Chatillon sur Seine ce 13 juillet 1942 lorsque 2 gendarmes se présentent au domicile de la famille Kahn.

« Faites de moi ce que vous voudrez »

Ce sont les mots prononcés par Erna Kahn à leur intention.

A l'heure où les derniers témoins disparaissent, où les actes, les propos antisémites perdurent il nous faut continuer à faire ce travail de mémoire, cette cérémonie y contribue.

Souvenons-nous aussi qu’il y a 80 ans, le 14 mai 1941 avait lieu la 1ère rafle en France. La rafle dit du « billet vert » . En région parisienne, 3747 juifs étrangers, principalement Polonais, répondent à une convocation pour examen de situation, ce billet vert. 

Arrêtés ils seront transférés dans le Loiret. La très grandes majorité d’entre eux seront déportés vers Auschwitz lors des convois de juin et juillet 1942.

Mais il nous faut aussi continuer notre travail de mémoire pour mieux comprendre, pour éduquer, et nous permettre d’être vigilant face à l’émergence de nouveaux génocides partout dans le monde.

N’oublions pas que cela s’est passé aussi ici, dans notre ville, dans notre région et soyons vigilants au présent.

Réclamée par l’occupant et menée exclusivement par la police française, la rafle des 16 et 17 juillet 1942, dite rafle du Vel’ d’Hiv’, marque un tournant décisif dans l’application de la « Solution finale de la question juive » en France.

Pour la première fois, les femmes et les enfants ne sont pas épargnés.

Cette rafle visant essentiellement les Juifs étrangers se solde par l’arrestation, à Paris et en banlieue, de 13000 personnes dont 4 000 enfants de 2 à 16 ans.

Leur seul crime: être nés juifs.

Cette rafle avait été rendu possible par l’utilisation d’un fichier de recensement des Juifs établi par les services de Vichy deux ans auparavant.

En Côte d’Or cette rafle avait été organisée quelques jours plus tôt les 13 et 14 juillet aboutissant à l’arrestation de 24 personnes.

Toutes ne furent pas déportés. En effet les époux Roudnik et Salm Mathilde2 ont été remis en liberté sur ordre des autorités allemandes. Les époux Roudnik seront de nouveau arrêtés3 et déportés en juin 1943.

Le 14 juillet 1942, 21 personnes quittent la cour de Bar4 où elles étaient rassemblées, laissant derrière elles, un mari, une mère, des enfants5 pour rejoindre la gare.

A 12h56, sous escorte de la gendarmerie, elles quittent la gare de Dijon pour le camps de Pithivier.

Elles s'appelaient :

Hermann GERSON, 37 ans, arrêté à  Crépey,
Malka HERKOWITZ, 38 ans, vivant rue Jean Jacques Rousseau à Dijon,
Erna KAHN, 40 ans, réfugiée d’Alsace à Châtillon-sur-Seine,

Szmul KALEKA, 44 ans, de Voulaines-les-Templiers,
Thérèse KATZ, 17 ans, habitant à Dijon rue Paul Thénard,
Herta KOHLMANN, 21 ans, vivant rue Babeuf à Dijon (rue de la Chouette),
Aron KUPERBERG, 18 ans, arrêté à Crépey
Ruberg MAKAROWSKI, 44 ans, également arrêté à Crépey
Edmond MICHEL, 37 ans
Irma MICHEL, 34 ans et
Lillie MICHEL, 40 ans, tous trois de Dijon, rue de la Charmette
Anita OPPENHEIMER, 19 ans habitant Dijon, rue Paul Thénard
Jaqueline RIBSTEIN, 19 ans également de Dijon, rue des Perrières
Erich ROSNER, 17 ans arrêté à Crépey
Severin SAFRYS, 28 ans arrêté à Messanges
Nathan SALTMAN, 29 ans  et
Samuel SCHACHTER, 36 ans arrêtés à Crépey
Rose STEINITZ, 44 ans, et
Mireille STEINITZ, 17 ans vivant à Dijon, avenue Victor Hugo
Rachel ZLOTOWITCZ, 36 ans habitant Dijon, rue de la Manutention
Joseph ZYSKIND, 41 ans arrêté à Crépey.


Le 17 juillet, elles étaient déportés par le convoi numéro 6 vers Auschwitz Birkenau, vers une mort programmée par les nazis, avec la complicité du gouvernement de Vichy.

Seul Samuel Schachter6 a survécu à la déportation. Jacqueline Ribstein7 est parvenue, quant à elle, à échapper à la déportation grâce à son mari Jean Chaillet qui l'a fait libérée de Pithiviers.

Tous les autres ont rejoint la longue liste des 76 000 Juifs déportés depuis la France entre 1942 et 1944, hommes, femmes, enfants assassinés dans le cadre de la Shoah.


Ils étaient tous innocents.

M Danyl AFSOUD, Préfet de la Côte d'Or

Elie Sadigh, représentant l'Association Cultuelle Israélite de Dijon

Sylvain Blandin, représentant l'association mémoire(s) vive(s)

Les autorités civiles et militaires



https://www.infos-dijon.com/news/vie-locale/vie-locale/dijon-une-ceremonie-en-memoire-de-la-rafle-du-vel-d-hiv.html

1Archives départementales de la Côte d'Or (ADCO) 1090W41

2ADCO 1090W41

3ADCO 1090W41

4« Etre juif sous l'occupation » Alain Bellassene

5ADCO 41M294

6http://convoi6.perso.neuf.fr/

7ADCO 1090W41

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