Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation

Discours de Sylvie TISSIER, Présidente de l'association 
29 avril 2018 à Chenôve

Madame la députée,
Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs les représentants des autorités civiles et militaires
Mesdames et messieurs les portes drapeaux
Madame la conseillère régionale
Monsieur le conseiller départemental
Mesdames et messieurs les adjoints, conseillers délégués, conseillers municipaux
Mesdames, messieurs

L'association mémoire(s) vive(s) vous propose à l'occasion de cette cérémonie, de partager une pensée pour Justina, Klara et Tilla FRENKEL, assassinées à Auschwitz au seul motif qu'elles étaient juives.

Comme le disait si justement Elie Wiesel « L'oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices sont responsables de leur première mort, nous le sommes de la seconde ».
Mais si le devoir de mémoire est essentiel, il n’est pas suffisant. Il doit être complété par le travail de mémoire pour mieux comprendre, et nous permettre d’être vigilants face à l’émergence de nouvelles tentations génicidaires, partout dans le monde.

La famille Frenkel est une famille juive allemande de Merzig qui, fuyant les persécutions nazies, arrive en France en 1936. Nous n’avons pas la date précise de leur installation à Chenôve.

Une enquête de police, en date de mai 1941, est ordonnée pour connaître, je cite « l'attitude au point de vue national des israélites étrangers »1. Celle-ci conclut : « que les ressources de cette famille semblent suffisantes et aucune remarque défavorable n'a été relevée. Son attitude au point de vue national est correcte ».2

L'enquête semble s'arrêter là. Il s'agit cependant d'une étape essentielle de la collaboration des autorités françaises avec les occupants nazis. Le destin tragique des Juifs de France et d’Europe sera en effet scellé en janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, qui décidera des modalités d'arrestation et de déportation de milliers de familles juives.

Le 7 octobre 1942, les autorités allemandes adressent au Préfet de région huit listes de noms classés par départements et les instructions nécessaires aux arrestations. Elles devront avoir lieu le 9 octobre à partir de 6 heures du matin et devront être terminées à 20 heures.
Cet ordre d'arrestation massive vise les juifs étrangers « hommes, femmes et enfants sans prendre égard à leur âge »3.
Pour le département de la Côte d'Or, ce sont 64 personnes recherchées dont Justina, Klara et Tilla FRENKEL.

Agées respectivement de 82, 53 et 50 ans, elles sont arrêtées le 9 octobre, puis transférées à Drancy le 12 octobre.
Trois semaines plus tard, le 4 novembre 1942, à 8h55, le convoi n°40 quitte la gare du Bourget-Drancy pour Auschwitz. Sur les 1000 déportés Juifs de ce convoi, 4 seulement sont revenus vivants en 1945.
Justina, Klara et Tilla Frenkel n'en faisaient pas partie.

En guise de conclusion, permettez-moi de revenir sur le travail de notre association et de formuler un vœu.
La volonté des nazis était de faire disparaître physiquement les Juifs, mais aussi toute trace de leur existence, de leur culture, jusqu’à leur nom.
L’actualité récente nous rappelle avec force que le travail de mémoire est essentiel : en 2018, 76 ans après avoir échappé à la Rafle du Vel d’hiv, Mireille Knoll est assassinée parce qu’elle est juive ; dans le même temps, le gouvernement polonais promulgue une loi condamnant tout travail historique sur l’implication de la population polonaise dans l’extermination des Juifs d’Europe.

Modestement, notre association cherche à contribuer à ce travail de mémoire par des travaux de recherche, par la pose de plaques commémoratives, et par l’éducation des jeunes, comme cela fut le cas avec la venue de l’exposition Anne Frank, une histoire d'aujourd'hui. Et parfois ce devoir de mémoire continue malgré nous.

J’en veux pour preuve une information passée je pense inaperçue pour bon nombre d’entre vous. Il a été proposé le changement de nom de l’école Jean Jaurès 1 à Dijon. Le nom retenu est celui d’une dijonnaise, Paulette Levy, qui fut arrêtée en février 1944 avec 89 autres personnes juives.
Durant une semaine elles ont été internées dans l’école Jean Jaurès, puis déportées à Auschwitz. Paulette Levy est la seule à être revenue. Son fils était présent lors de l’inauguration de la plaque posée en 2014.

Alors Monsieur le Maire, permettez-moi de faire le vœu qu’un jour une rue, une place, une école porte le nom de la famille Frenkel, pour que ce nom ne soit jamais oublié.
1ADCO 1090W34
2ADCO 1090W34
3ADCO 1090W36

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