Cérémonies commémoratives du 8 Mai - HOMMAGE - France 3 Régions - France 3

Cérémonies commémoratives du 8 Mai - HOMMAGE - France 3 Régions - France 3

Après trois ans de recherches Mémoire(s) Vive(s) a ce 8 mai 2012 inauguré une plaque commémorative dans la commune de Gemeaux.

 
Le 24 février 1944, deux familles juives originaires d’Alsace et qui avaient trouvé refuge pendant la guerre à Gemeaux, y étaient arrêtées par la gendarmerie française, pour être déportées et assassinées à Auschwitz.

Avant de dévoiler une plaque à leur mémoire, il nous revient de rappeler leurs noms et de retracer ce que nous savons de leur histoire de vie.

Jules et Yvonne Levy - née Schuster - respectivement nés en 1890 et 1898, ils vivaient à Gémeaux avec leur fille Jeannette, née en 1928,Sarah Schuster- née en 1867 - et son mari Maurice né en 1860,  parents d’Yvonne Levy et grands-parents de Jeannette, vivaient avec eux à Gemeaux, tout comme Marie Levy, née en 1884, la sœur de Jules, et Mélanie Lévy, née en 1863 la mère de Marie et Jules et grand-mère de Jeannette.
Léon et Alma Levy, respectivement nés en 1904 et 1906, vivaient encore à Gemeaux quand ils y ont été arrêtés avec leurs petites filles Denise, née en 1934 et Micheline, née en 1935.

Ces deux ménages, leurs enfants, trois grands parents et une tante, constituaient trois générations d’une famille de commerçants alsaciens qui avaient été évacués d’Hagueneau[1] lors de la déclaration de guerre, comme tous les habitants des régions frontalières. Leur retour s’avérant impossible après l’annexion de l’Alsace au ‘Reich’ allemand - qui devenait dès lors, en juin 1940, une région ‘interdite aux Juifs’- ces familles avaient trouvé refuge et s’étaient installées à Gémeaux.
Des fermiers, M. et Mme Frey, leur ont fourni un travail de commis et les ont logé[2].

A l’automne 1940, les membres des deux familles se plient, en bon citoyens, à l’injonction faite aux Juifs résidant en France de se faire recenser auprès de la Préfecture de police[3].

C’est ce fichier ‘juif’ qui permettra,  le 19 février 1944, à la Sicherheitspolizei allemande de fournir une liste de personnes à arrêter lors d’une rafle prévue pour le 24 février suivant.

En aval de cette rafle, la préfecture avait transmis au commissariat de Dijon et aux Gendarmeries les noms et adresses des familles Levy-Schuster et Levy, parmi bien d’autres.

Ce jeudi 24 février, ce seront 485 personnes qui sont arrêtées dans la région, dans les départements de Côte d’Or, Saône-et-Loire, Yonne, Nièvre, Doubs, Haute-Loire, Jura et du Territoire de Belfort[4].

Les familles Levy et Schuster seront, après leur arrestation, transférées et internées dans l’enceinte de l'école Jules Ferry à Dijon, où le samedi 26 février 89 personnes se trouvent rassemblées[5]. Ils y resteront près d’une semaine.

Le 29 février, Maurice Schuster, âgé alors de 83 ans, est hospitalisé. Cette hospitalisation lui évitera la déportation.

Le vendredi 3 mars, à 21h45  les 89 détenus sont transférés de l’école Ferry à la gare de Dijon sous la surveillance de la police municipale. A  23h10 accompagnés de 24 gendarmes et d’un officier ils sont acheminés de Dijon à Drancy, le camp de transit en région parisienne, d’où ils seront déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz Birkenau par le convoi n° 69.

Ce convoi a acheminé 1501 personnes, soit 812 hommes et, 689 femmes, parmi lesquels 178 enfants. En 1945, seules 20 personnes étaient encore en vie[6].

Ce ne fut pas le cas de Jules et Yvonne Levy, 54 et 46 ans, de Jeannette Lévy, 16 ans, de Sarah Schuster, 77 ans, de Marie Levy, 70 ans, de Mélanie Lévy, 81 ans, de Léon et Alma Levy, 40 et 38 ans et leurs petites filles Denise, 10 ans et Micheline, 9 ans tous et toutes assassinés le 7 mars par les nazis dans le cadre de la Shoah, au seul motif qu’ils étaient nés juifs.


Nous remercions tous ceux qui ont permis que leurs histoires de vie aient été retrouvées et que leurs noms soient gravés et ainsi inscrits dans la mémoire et l'histoire de Gemeaux. Nous tenons à vous remercier, monsieur le Maire, d'avoir ainsi permis qu'ils rejoignent la communauté des humains, dont les nazis avaient voulu les effacer.
Je me permets de vous proposer une minute de réflexion et de silence à leur mémoire.



[1] Archives Départementales de la Côte d’Or 1090W36
[2] « La résistance à Gemeaux » Patrice Huguenin
[3] Archives Départementales de la Côte d’Or 1090W36
[4] Archives Départementales de la Côte d’Or
[5] Archives Départementales de la Côte d’Or 1090W41
[6] « La Shoah en France » Serge Klarsfeld

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Une école Paulette LEVY

Cérémonie commémorative à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'état français et d'hommage aux "Justes" de France

Inauguration exposition "Anne Frank, une histoire d'aujourd'hui"