CEREMONIE COMMEMORATIVE A LA MEMOIRE DES VICTIMES DES CRIMES RACISTES ET ANTISEMITES DE L'ETAT FRANCAIS ET D'HOMMAGE AUX "JUSTES" DE FRANCE
Discours de M Sylvain Blandin
21 juillet 2024
Il y a quelques semaines nous avons célébré les 80 ans du débarquement en Normandie, prémices de la libération de l’Europe du joug nazi.
Dans quelques semaines nous célébrerons la libération de la Côte d’Or et Dijon.
Larmes de joie de la liberté retrouvée mais aussi angoisse dans l’attente du retour d’un proche.
Pour la plupart des 76000 juifs de France partis pour Pitchipoï, cette destination inconnue, mystérieuse et redoutable, il n’y aura pas de retour.
En 1945, 2500 d'entre eux étaient survivants.
Comme l'a rappelé Simone Veil lors d'une cérémonie en l'honneur d'Elie Wiesel : « Même si nous avons survécu, nous ne sommes jamais totalement sorti des camps »
Chaque année, au cours de cette cérémonie nous faisons notre devoir de mémoire, nous citons les noms des victimes pour qu'elles ne soient pas oubliée et espérons que cela ne se reproduise pas. Et pourtant l’actualité nous prouve avec force que le travail de mémoire est essentiel.
Comme le rappelait en 1995 le président Jacques Chirac : « N’acceptons pas d’être les témoins passifs, ou les complices, de l’inacceptable »1.
Il nous a semblé important, dans ces temps de repli sur soi, de mettre à l’honneur les Justes parmi les Nations soit originaire ou en lien avec la Côte d’Or.
Charles COLLENOT
Marthe GILLES, Paul GILLES, Pierre GILLES
Germaine LEFEBVRE
Ernest MITAINE, Marthe MITAINE
Louise OSTERBERGER
Gilbert PASQUIER
Permettez moi d'associer à cet hommage tous ceux qui, même sans la reconnaissance du titre de Juste, comme Emile Duvault, de façon anonyme sont venus en aide à des êtres humains en danger.
La rafle des 16 et 17 juillet 1942, dite rafle du Vel’ d’Hiv’, réclamée par l’occupant est menée exclusivement par la police française. Pour la première fois, les femmes et les enfants ne sont pas épargnés.
Cette rafle visant essentiellement les Juifs étrangers se solde par l’arrestation, à Paris et en banlieue, de 13000 personnes dont 4 000 enfants de 2 à 16 ans2.
Leur seul crime était d’être nés juifs.
Cette rafle avait été rendu possible par l’utilisation d’un fichier de recensement des Juifs établi par les services de Vichy deux ans auparavant.
En Côte d’Or cette rafle avait été organisée quelques jours plus tôt les 13 et 14 juillet aboutissant à l’arrestation de 24 personnes. Certaines étaient originaires ou résidaient en Côte d'Or et d'autres ont été arrêtées à Crépey.
Dans ce hameau se trouvait un chantier forestier où étaient retenus des hommes juifs originaires de la région parisienne.
Les 24 personnes ne furent pas toutes déportées. En effet les époux Roudnik et Salm Mathilde ont été remis en liberté sur ordre des autorités allemandes3. Les époux Roudnik seront de nouveau arrêtés4 et déportés en juin 1943.
Le 14 juillet 1942, 21 personnes quittent la cour de Bar5 où elles étaient rassemblées, laissant derrière elles, un mari, une mère, des enfants6 pour rejoindre la gare.
A 12h56, sous escorte de la gendarmerie, elles quittent la gare de Dijon pour le camps de Pithivier.
Elles s'appelaient :
Hermann GERSON, 37 ans, arrêté à Crépey
Malka HERKOWITZ, 38
ans, vivant rue Jean Jacques Rousseau à Dijon,
Erna KAHN, 40
ans, réfugiée d’Alsace à Châtillon-sur-Seine,
Szmul KALEKA, 44 ans, de Voulaines-les-Templiers,
Thérèse KATZ, 17 ans, habitant à Dijon rue Paul Thénard,
Herta KOHLMANN, 21
ans, vivant rue Babeuf à Dijon (rue de la Chouette),
Aron
KUPERBERG, 18 ans, arrêté à Crépey
Ruberg MAKAROWSKI, 44
ans, également arrêté à Crépey
Edmond MICHEL, 37 ans
Irma
MICHEL, 34 ans et
Lillie MICHEL, 40 ans, tous trois de Dijon,
rue de la Charmette
Anita OPPENHEIMER, 19 ans habitant Dijon,
rue Paul Thénard
Jaqueline RIBSTEIN, 19 ans également de
Dijon, rue des Perrières
Erich ROSNER, 17 ans arrêté à
Crépey
Severin SAFRYS, 28 ans arrêté à Messanges
Nathan
SALTMAN, 29 ans et
Samuel SCHACHTER, 36 ans arrêtés à
Crépey
Rose STEINITZ, 44 ans, et
Mireille STEINITZ, 17
ans vivant à Dijon, avenue Victor Hugo
Rachel ZLOTOWITCZ, 36
ans habitant Dijon, rue de la Manutention
Joseph ZYSKIND, 41 ans
arrêté à Crépey.
Le
17 juillet, elles étaient déportés par le convoi numéro 6 vers
Auschwitz Birkenau, vers une mort programmée par les nazis, avec la
complicité du gouvernement de Vichy.
Selon les informations à
notre disposition, seul Samuel Schachter7
a survécu à la déportation. Jacqueline Ribstein8
est parvenue, quant à elle, à échapper à la déportation grâce à
son mari qui l'a fait libérer.
Entre 1942 et 1944 se sont 76000 hommes, femmes, enfants dont le seul crime étaient d'être nés juifs qui ont été déportés depuis la France. Parmi eux plus de 200 côte-d'oriens.
Paulette LEVY, dijonnaise déportée en mars 1944, à son retour de Pitchipoï, a eu ces mots simples :
« On était tous des innocents »
1Www.jacqueschirac-asso.fr
2Le calendrier de la persécution des Juifs de France (volume 2) Serge Klarsfeld
3Archives départementales de la Côte d'Or ADCO 1090W41
4ADCO 1090W41
5« Etre juif sous l'occupation » Alain Bellassene
6ADCO 41M294
7http://convoi6.perso.neuf.fr/
8ADCO 1090W41
Mme Amelle GHAYOU Secrétaire générale adjointe de la Préfecture
M Elie SADIGH, membre de l'ACID
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